Contexte général
Madagascar compte environ 13 millions d'habitants, dont deux millions dans la capitale Antananarivo sur deux zones principales: la zone inondable, qui s'étend sur d'anciennes rizières et marécages, englobe les quartiers pauvres, et la zone en hauteur sur les collines, inclut le centre ville et les quartiers mieux lotis.
En 1999, la moitié de la population malgache, est encore illettrée et analphabète, le taux de scolarisation du cycle primaire est de 70.1%. Ceux qui ne vont pas à l'école ou qui la quittent tôt sont issus à 54.2% des couches les plus pauvres. Seuls 27.7% des malgaches avaient accès à l'eau potable en 2001 et 58% utilisaient les latrines en 2000. Le projet s'adresse aux enfants et jeunes de la rue, à la population des trois quartiers de la zone inondable d'Antananarivo ville, aux villes de province et aux associations et centres d'accueil œuvrant dans le domaine de l'enfance et de la jeunesse en situation difficile.
Expérience d'Enda Océan Indien
Les principales activités de ce projet font suite au programme déjà mené par ENDA Océan Indien, soutenu par la MCNG (valorisation sociale et amélioration des conditions de vie de la population défavorisée, Madagascar) de 2003 à 2006 et par la MAIIONG en 2007 (développement social et dialogue politique).
Il s'appuyait sur quatre volets:
- L'Education Alternative pour l'apprentissage des enfants en situation difficile et l'orientation des jeunes vers des structures de formation professionnelle selon leurs besoins.
- La Formation des animateurs éducateurs pour encadrer avec professionnalisme les enfants et jeunes en situation difficile, mais aussi pour accompagner la population défavorisée en général.
- L’Habitat, pour l'amélioration et l'entretien des habitations de la population des quartiers inondables.
- L’Assainissement Durable des Quartiers pour l'assainissement des quartiers et la gestion des ordures par la population elle – même.
En 2007, l’objectif principal était l’accompagnement des acteurs locaux dans leur projet de développement social, en les inscrivant dans un cadre politique. Les objectifs spécifiques avaient trois dimensions :
- Amélioration de l’habitat de l’environnement des familles défavorisées
- Insertion sociale et professionnelle des jeunes en situation difficile.
- Renforcement des capacités des acteurs de développement dans ces deux domaines, en lien avec la construction d’un dialogue politique.
Aujourd’hui, le constat est très positif :
- Depuis l’ouverture de l’Espace Jeunes en 2004, suivi en 2007 et 2008 par l’ouverture des Maisons des Jeunes, près de 800 jeunes ont fréquenté les centres et plus de 300 ont pu réaliser des projets (apprendre à lire et à écrire, avoir une copie de naissance, intégrer un centre fermé, revenir à l’école, suivre une formation professionnelle etc. sans compter l’amélioration des relations familiales, du comportement etc.).
- Le CFAE a formé entre 2003 et 2008, environ 250 acteurs sociaux.
- Le volet Habitat a adapté son mécanisme aux plus démunis, et est fortement sollicité. Etant donné l’absence totale d’action politique et bancaire pour les démunis dans ce domaine, enda océan indien se doit de poursuivre ce volet, tout en poursuivant un processus de plaidoyer.
- Entre 2005 et 2007, le projet ADQua (pré-collecte des déchets) a touché 20 fokontany de plus de 1000 familles chacun. Enda a effectué un travail de capitalisation du projet ADQua téléchargeable ici.
Les objectifs du projet
Objectif global : Accompagner les acteurs locaux dans leur projet de développement social, en les inscrivant dans un cadre politique
Objectifs spécifiques :
- Amélioration de l’habitat et de l’environnement des familles défavorisées
- Insertion sociale et professionnelle des jeunes en situation difficile
- Renforcement des capacités des acteurs de développement dans ces domaines, en lien avec la construction d’un dialogue politique
Les violences conjugales: un nouveau domaine d'action d'Enda Océan Indien
En 2007, l’IRD, en collaboration avec enda OI, a réalisé une étude pour évaluer la prévalence de la violence conjugale envers les femmes à Antananarivo. Jusque là, aucune étude de ce type n’avait encore été réalisée. L’étude a été menée sur un échantillon représentatif de 400 femmes d’Antananarivo de 15 à 62 ans, mariées ou ayant vécu en union pendant au moins 3 mois sur les 12 derniers mois. Nous avons choisi de focaliser notre recherche sur les violences psychologiques et physiques, mais en incluant également quelques questions sur les violences sexuelles.
En résumé, les résultats de l’étude ont montré que, à Antananarivo sur les 12 derniers mois :
- 65 % des femmes ont subi un type de violence
- 47 % des femmes ont subi des violences psychologiques
- 35 % des femmes ont subi des violences physiques (5 % ont été victimes de tentative d’assassinat)
- 10 % ont subi des violences sexuelles.
- Aucune femme n’est protégée de la violence. Quelle que soit sa catégorie sociale, les revenus du couple ou son niveau d’éducation, la prévalence n’est jamais inférieure à 25%.
- Les facteurs de risques sont : le jeune âge, mariage non légal, couple s’éloignant des normes sociales, revenus irréguliers.
Les enquêtes qualitatives ont apporté de nombreux témoignages, repris dans les outils de sensibilisation. Des actions de sensibilisation, d’information, et de constitution de réseaux d’acteurs ont été menées en 2008. Elles révèlent une forte demande d’appui de la part des acteurs sociaux confrontés à ce problème, en matière de renforcement des capacités et sensibilisation des acteurs institutionnels et du grand public. Un accent particulier sera mis sur la formation des acteurs, leur mise en réseau, et les actions de sensibilisation. Il paraît nécessaire de cibler également les services publics confrontés à cette problématique.
Télécharger l'étude